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Les seniors dans les transports

Nous ne sommes pas toutes et tous égaux face aux transports. Si pour certains, la pénibilité des transports en commun peut être supportable, pour d’autres elle constitue un frein à se déplacer. De plus, certains problèmes de santé, comme la vue qui baisse ou les trous de mémoire, empêche l’utilisation d’un transport individuel.  Conduite pénible, désir de confort et perte de mobilité : trouver des transports agréables pour vous ou vos parents peut s’avérer difficile. Pourtant, se déplacer est essentiel pour garder une vie sociale, le moral et la santé. Tentons de comprendre les freins aux transports en commun et les solutions pour y faire face.

Des troubles de la vision qui rendent la conduite difficile

On le sait, les troubles de la vision sont nombreux avec l’avancée en âge. Cataracte, dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), glaucome : à partir de 60 ans, les chances de contracter un de ces troubles de la vision augmentent. En effet, 20% des Français·es âgé·es de plus de 65 ans sont atteints de cataracte. Ce chiffre s’élève à 60% pour les plus de 85 ans ! Les conséquences ? Une vision floue ou trouble, une sensibilité accrue à l’éblouissement et des difficultés à voir la nuit.

Si certains de ces troubles sont opérables, d’autres entraînent une baisse de la vision pouvant aller jusqu’à la malvoyance. En installant un suivi ophtalmologique dès 65 ans, les risques d’un diagnostic tardif et d’une impossibilité d’opérer sont largement réduits.

Les capacités visuelles du cerveau face au vieillissement

Des études récentes de l’Institut de la vision révèlent une altération croissante du traitement des informations visuelles avec l’âge. Autrement dit, plus on vieillit, moins le cerveau parvient à traiter les détails de l’environnement visuel permettant de se repérer.

La perte d’une partie des facultés visuelles reste donc inévitable avec l’avancée en âge. La mobilité et l’orientation sont alors bouleversées. Il devient plus difficile de voir la nuit, d’analyser les panneaux routiers et donc de conduire.

Les transports dans tout ça ?

Alors que les transports publics devraient prendre le relai de la conduite individuelle, leur pénibilité tant dans l’absence de confort que dans les horaires de passage parfois contraignants, surtout en dehors des grandes villes.

Les préconisations pour aménager l’espace sont rarement respectées dans les transports en commun. Dans les bus et les métros, les couloirs sont étroits, surtout durant les heures de pointe. Les panneaux directionnels sont sur les côtés, peu visibles, surtout lors de mouvements de foule importants. Pour accéder aux quais, il faut descendre et monter des escaliers. A Paris par exemple, seulement 3% des stations de métro sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. Mais ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte pour analyser les déplacements des seniors.

Un autre critère limite l’utilisation des transports en commun : la distance entre le domicile et la station. Les risques de chute, les douleurs articulaires et l’épuisement jouent en défaveur des transports en commun. Surtout si les lieux d’attente sont peu confortables et ne disposent pas de place assise. La disparition progressive de bancs accessibles et larges multiplie parfois les difficultés.

Les conséquences pour les personnes en perte d’autonomie

L’impossibilité de se déplacer librement et facilement a des conséquences psychiques et physiques pour certains seniors. En premier lieu, l’isolement au sein du domicile. En effet, quelles sont les mesures mises en place à la suite d’une opération difficile ou d’un accident de la vie courante ? Dans la plupart des cas, ce sont des aides à domicile (tâches ménagères, repas, soins…). Ces aides limitent l’isolement au quotidien mais ne permettent pas de se déplacer à l’extérieur. Ainsi, le temps passé à domicile s’allonge et rares sont les occasions de sortir de chez soi.

De plus, les visites à domicile sont généralement circonscrites dans le temps. Il peut être difficile de tisser un lien avec son soignant·e, de prendre le temps de discuter ou de jouer aux cartes. Par conséquent, ces visites rapides n’empêchent pas les seniors de développer un sentiment de solitude, renforcé par la distance avec l’extérieur, et impacte la confiance en soi.  

Les solutions de transport disponibles au niveau communal ou départemental 

Consciente de l’importance de sorties régulières, les collectivités territoriales, comme les communes et les départements, peuvent proposer des aides au transport spécifiquement pour les seniors. Les collectivités agissent autant sur les moyens de transport (mise à disposition de navettes ou taxis à prix raisonnable) que sur l’accès aux transports publics (carte de transport à tarif réduit). Pour plus d’informations sur les initiatives de votre commune ou département, renseignez-vous auprès de votre mairie ou du CCAS.

Les initiatives citoyennes pour lutter contre l’isolement des seniors

Depuis quelques années, des dispositifs voient le jour pour répondre à l’isolement des seniors à domicile. C’est notamment le cas de Paris en compagnie. Fondée à la suite d’un appel d’offres de la Mairie de Paris, l’association propose aux habitant·es de la ville d’accompagner les « ainé·es » de leur quartier hors de chez eux. Les activités proposées sont diverses : balade, accompagnement à un rendez-vous médical ou administratif, sortie au cinéma… Les seniors (ou leur famille) n’ont qu’à renseigner leurs disponibilités et leurs besoins par téléphone. Du côté des bénévoles, ils choisissent l’accompagnement qui leur convient via une application. Cela permet de réduire les risques de chute, souvent citées comme participant au sentiment de vulnérabilité des seniors. Les personnes se sentent alors plus en confiance.  

En Picardie, l’association Rezo Pouce et son dispositif Rezo Seniors propose aux seniors de covoiturer grâce à l’autostop. Soutenue par la communauté de commune du Plateau Picard, Rezo Pouce a développé un réseau d’entraide où automobilistes et passagers se rencontrent autour des arrêts « sur le pouce » et partagent un trajet convivial. Plus de 150 arrêts sont installés dans 52 communes du territoire. Pour les personnes âgées souhaitant se déplacer, il suffit d’appeler le Rezo et d’indiquer le trajet souhaité. Les automobilistes volontaires sont notifiés et répondent dans les 24h. Le rendez-vous fixé, les covoitureurs se retrouvent et partagent les frais de déplacement.

La participation à des clubs (marche en forêt, jeux de société, clubs sportifs) sont aussi une bonne excuse pour sortir, conserver une activité physique et une autonomie.
Les proches et les familles ont aussi un rôle à jouer, en favorisant la prise en main des nouvelles technologies.