Portrait de celles et ceux qui donnent du temps
La définition du bénévolat peut paraître simple : « situation d’une personne qui accomplit un travail gratuitement sans y être obligée ». Les faits recoupent des situations, des individus, des structures diverses. Pourtant, les bénévoles ont des points communs. Les pouvoirs publics, la recherche et les associations financent des études pour mieux comprendre ce qui pousse les hommes et les femmes à donner du temps, dans quelle mesure, et ce que cela leur apporte.
Quel est le portrait
des bénévoles en France ?
France Bénévolat publie régulièrement une étude qui trace le portrait global de l’engagement dans l’Hexagone et permet de voir son évolution au cours du temps.
Fin 2021, la France comportait 12,5 millions de bénévoles, dont 70% de femmes et 34% d’hommes âgés de plus de 50 ans. Ils et elles donnent du temps dans plus de 1,4 million de structures. Le monde associatif s’est professionnalisé, les associations et fondations pèsent aujourd’hui près de 10% des emplois privés et, pourtant, elles ont toujours autant besoin de volontaires pour fonctionner.
Depuis le début des années 2010, on constate que la typologie des bénévoles a considérablement évolué. Au sein de ce vivier, la proportion des seniors, qui avait augmenté au début de la décennie, a baissé depuis 2019. Elle est passée, hommes et femmes confondus, de 26% à 20% pour les 50 à 64 ans, et de 38% à 33% pour les 65 ans et plus. Ces chiffres sont le résultat de ce que les sociologues appellent l’effet retraite. L’arrêt de l’activité professionnelle libère du temps, ce qui provoque souvent le désir de rejoindre un réseau d’engagement.
Ce mouvement tend à baisser avec les années. Les sociologues lient ce désintérêt à plusieurs éléments : les conséquences des durcissements des départs en retraite, et le taux de pauvreté des plus âgés les rend moins redevables moralement envers la société. Les difficultés sociales qui appellent de plus en plus à des solidarités intrafamiliales sont preneuses du temps d’engagement. Or elles ne correspondent pas à la définition du bénévolat. Il faut également noter un effet ressenti : l’absence de représentation et de communication ciblée sur les seniors par les réseaux d’engagements est contreproductive. Les seniors se sentent rarement représentés dans les campagnes et ont trop souvent l’impression, fausse, qu’ils rencontreraient des difficultés à trouver leur place dans ces structures.
Les études concernant cette tranche de la population datent de 2015, mais elles restent intéressantes. D’abord parce que l’effet du bénévolat sur les seniors est palpable. D’après plusieurs études de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), comme de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) ou du Centre d’analyse stratégique (CAS), le constat est net :
« Sur le plan individuel, il existe un lien direct entre la pratique d’une activité bénévole et l’amélioration du bien-être physique et psychologique. » Les seniors engagés auraient un taux de mortalité et de dépression plus faible que la normale, et présenteraient de meilleures capacités fonctionnelles d’après un article de La santé en action, daté de 2018.
Certains s’interrogent sur ces résultats en remettant en cause le lien de causalité. Les seniors en meilleure santé sont-ils ceux qui s’engagent ? Le bénévolat a-t-il un impact positif sur la santé ? La seconde hypothèse reste privilégiée.
Comment et quand donnent-ils du temps bénévolement ?
Aujourd’hui, un quart des bénévoles (24%) donne du temps à une période précise, au cours d’un évènement particulier, quelques heures ou quelques jours par an. Près d’un tiers (31%) s’y consacrent au moins une fois par mois. Ils sont un peu moins (29%) à donner du temps chaque semaine, et seulement 16% à être engagés dans des activités tous les jours.
Chez les jeunes, on voit une nette augmentation des volontaires qui se déclarent prêts à donner du temps. D’après le baromètre annuel de la DJEPVA (Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative) sur la jeunesse de 2021, 84% des 18-30 ans sont prêts à être bénévoles pour une cause. Parmi les plus citées : la santé, la solidarité et la lutte contre les discriminations.
Quels sont les secteurs d’activité concernés par le bénévolat ?
La plupart des personnes engagées déclarent différents secteurs d’activité et donnent de leur temps dans plusieurs structures ou pour plusieurs secteurs (le total ne fait donc pas 100%, car une personne peut avoir répondu plusieurs fois).
30% des bénévoles sont engagés dans le social, 23% sont concernés par des activités en faveur des loisirs, 21% sont membres de structures associatives sportives et 19% soutiennent, sur le terrain, des projets culturels.
17% de la population des bénévoles choisit de donner du temps pour la jeunesse et dans des structures qui se réclament de l’éducation populaire. 11% du temps est consacré à la défense de l’environnement, 8% ont choisi des structures engagées sur des droits ou des causes précises. 5% de la population bénévole mène des actions en faveur de la formation, de l’emploi, de l’insertion, et 15% œuvrent dans des secteurs divers.
Pour quelles raisons certains arrêtent-ils de s’engager et de donner du temps bénévolement ?
Dans près de 40% des cas, les ex-bénévoles ont arrêté à cause d’un manque de temps personnel. Plus d’un quart (26%) exprime une déception. Cette dernière peut concerner la structure, ou l’insuffisance de résultats concrets. 23% ont cessé pour des questions de santé. Une proportion équivalente a préféré penser à soi ou aux siens sur son temps libre.
Mais pourquoi certaines personnes n’ont-elles jamais pris ce temps et donné du leur pour les autres ? Les raisons sont multiples mais elles sont (surtout) intéressantes. En 2019, France Bénévolat a pris le temps de se pencher sur les raisons évoquées. Les résultats sont à modérer, les deux tiers des répondants n’évoquent qu’un motif, les autres ont donné jusqu’à 4 ou 5 raisons.
D’après cette étude, ils n’étaient que 7% de la population interrogée à « ne pas se sentir concerné », et 8% à ne pas souhaiter « concurrencer les emplois rémunérés ».
Pourquoi certains seraient prêts à donner de leur temps bénévolement pour la première fois ?
Deux données ressortent particulièrement de cette étude. Parmi ceux qui n’ont jamais donné de temps, même épisodiquement, la raison invoquée par 30% d’entre eux, c’est le manque d’occasion. Ils ne se sont juste jamais vu présenter concrètement cette possibilité. Ils sont d’ailleurs la même proportion à expliquer que la seule chose qui leur manque est une demande expresse d’une association ou une incitation par un tiers ou par l’entourage. Cette proportion est encore plus importante pour les jeunes, et les hommes.
En résumé, si vous cherchez des bénévoles pour une structure, n’hésitez pas à solliciter vos réseaux au travers d’actions et de propositions concrètes.
Et si, comme 30% des Français, vous souhaitez vous engager pour le soin et l’accès à la santé, n’hésitez pas à contacter votre mutuelle.